Pyrénée Reportage

PRELUDE

Une nuit quelque peu agitée pour certains. C'est un peu comme avant une course d'école. En même temps on se réjouit et l'on appréhende un brin (ou plusieurs brins). À Marly, on s'affaire dès 6h30. Jean-François a déjà parcouru 8 km à vélo. La remorque se charge avec l'arrivée de Félicien et Roland. Départ de l'imposant convoi. Michel est récupéré à Villaraboud. Vite un bisou à maman sur le pas de la porte. Genève, frontière. Comme on a l'œil sur tout ce qui peut ressembler à un vélo, on peut signaler l'imprudence d'un automobiliste qui a drôlement fixé ses vélos à l'arrière de sa voiture. Encore quelques km et il n'aura plus de pneu ou même plus de roue! Le premier col: le Mont Sion. On espère que ce sera le seul en voiture!

Annecy: moment d'émotion en revoyant mon "grand frère" Henri. Robert est aussi présent: quel courage! Il avait tellement envie de faire ce périple avec nous. Nous ne savons que dire, partagés entre le regret de ne pouvoir embarquer Robert et le plaisir de commencer notre randonnée. Plusieurs d'entre nous font la connaissance de Béatrice, fille d'Henri, bien connue dans le monde du triathlon. Une photo, un au revoir.

Voyage sans histoire, la circulation n'est pas trop dense, le bus nous emmène allègrement malgré le poids de la remorque et des bagages. Un arrêt à l'aire de repos de Montélimar, un premier repas en commun dans un self et dégourdissement au mur de grimpe. Un deuxième arrêt pipi embaumé par l'odeur des pins: ça fleure bon le midi. Lorsque nous arrivons près de la Côte Vermeille, c'est un ravissement. La route serpente au-dessus de la mer, des rochers, de la vigne, des villages qui me rappellent l'Andalousie.

Il est 18h30 lorsque nous rencontrons Pierre-Alain et sa Jacqueline à Cerbère. Ils avaient tout organisé. Il faut dire qu'ils se baguenaudaient dans le coin depuis 5h du matin, après avoir passé une nuit dans le train. Chambres, agréables dans une dépendance de l'Hôtel de la Dorade, repas excellent et patron sympa. Premier briefing: consignes de PA, commentaires historico-économico-sportifs de Félicien qui nous font découvrir la déesse Pyrène, l'occupation de 50% des habitants dans le secteur primaire et la longueur des étapes des premiers Tours de France. Au dodo. Un rêve longtemps mijoté va se réaliser.

Netti

 

 

CERBERE - MOLITG-LES-BAINS

MERCREDI 2 AOUT:
135km - déniv.:2104m - 6h28' - 20.9km/h

Nous quittons Cerbère à 8h30 après avoir accompli le rituel matinal. Michel s'est plébiscité, sans aucune opposition, responsable du timbrage des cartes aux postes de contrôle. Quelques mètres auront suffi pour mettre en place le dispositif du groupe. Toutefois, la vitesse de croisière et la cadence de pédalage peinent encore à prendre leur rythme normal. Il en est ainsi chaque fois qu'il s'agit de quitter un bord de mer avant de pénétrer à l'intérieur des terres. Avec la distance, qui s'accumule, le sérieux qui fera la force de notre équipée s'installe tout de même.

Nous atteignons Banyuls (sans G). Je crois pouvoir écrire, après avoir mené une discrète enquête, que le vétéran Henri a enclenché une proposition de diversion aussitôt agréée par Ernest. Il m'a semblé durant un court instant que cette escapade passant par la visite des caves de "l'Étoile" avait créé un léger flottement dans les rangs. Pourtant, c'est bien ce que nous ferons. Nous apprenons ainsi que la Coopérative s'intègre dans un domaine de 2200 ha, soit 20 fois plus que Grangeneuve. Elle produit une spécialité issue d'un procédé où les vins sont exposés aux rayons du soleil afin d'en accélérer le vieillissement. Le vin prend une couleur et un bouquet particulier approchant le goût du Porto.

Nous amorçons un nouveau départ sans trop appuyer sur les pédales. Quelques réglages de cap s'avèrent utiles afin de ne pas retomber sur Cerbère. À hauteur d'Argelès, nous plaçons nos roues avant en direction de l'Atlantique. Dès cet instant, la progression se fait plus régulière. Le col de Llauro puis le Xatard et le Fourtou sont effacés, mais nous font oublier le casse-croûte. Nous rencontrons 2 cyclistes tout de jaune vêtus au sommet de la Palomère. Nous chargeons Jean-François d'aller aux renseignements car il importe, dans un terrain aussi difficile, de ne pas laisser traîner sur nos arrières des éléments pouvant nous créer des difficultés. Il nous apprend que ces jeunes sont des Australiens venant de Sidney, qu'ils parcourent le même itinéraire mais en sens inverse, car eux non plus ne sont pas des Européens!

 

À Valmanya, nous mettons fin à une longue attente pour le ravitaillement. L'incontournable coup de rouge nous redonne forces et efficacité. La longue descente vers la N116 s'effectue dans un paysage sauvage où le sanglier est roi. Nous n'aimons pas particulièrement les retrouvailles avec le trafic automobile et nous retrouvons les chemins tortueux qui font le charme de ce genre de voyage.

Nous atteignons Molitg-les Bains où nous attendent nos deux cyclotes qui, elles, ont exploré le col du Jau (sans n). Après une bonne douche quelques rasades d'une eau bien fraîche, nous voilà prêts pour attaquer le souper. Entre temps, nous aurons apprécié le bruissement des cigales ou de quelconques "cucards" prenant le relais du grincement de dérailleur équipant le vélo de Jean Soit-Franc.

Ami cycliste, si ton chemin passe par l'hôtel de l'Oasis, arrête-toi. L'hôte y est bien accueilli, l'aubergiste avenant et soucieux de faire bien. Quant aux prix pratiqués, ils nous permettraient de séjourner 3 nuits avec gîte et couvert, soit souper et petit-déjeuner, pour l'équivalent d'une seule nuitée dans notre Confédération Hétéroclite!

 

Pierre-Alain

 

 

 

MOLITG - TARASCON-SUR-ARIEGE

JEUDI 3 AOUT:
133km - déniv.:3268m - 7h34' - 17,6km/h

Col de Jau dans la fraîcheur. Faciles, puisque nous avons les renseignements des J+J. Pourtant, certains mettent en doute leur parole concernant 2-3 cm de gravillons! Mais justice leur est rendue. Bravo Mesdames! 1000 m de dénivellation sans s'en apercevoir ou presque. Descente et montée vers Garabel et Moulis (une petite bosse). Arrêt café et tampon à Escouloubre-les-Bains. L'occasion pour PA de réparer un oubli fâcheux (clé de l'hôtel)!

Encore 5 km de descente et hop, un virage à gauche et départ pour le Port de Palhières, 15 km bien trapus. Il fait chaud. JF a eu une mauvaise surprise: son compteur a dû foirer et lui a coupé les jambes à 3 km du sommet! Un troupeau d'une quarantaine de chevaux "Bérens" nous accueillent avec leur progéniture.

Plus personne n'a d'eau et la faim se fait sentir. À Ascou, rien de rien, juste de quoi emplir nos gourdes. On nous informe qu'à Sorgeat, sur la route du col de Chioula, on peut trouver quelque chose. Une épicerie fait notre affaire tandis qu'Henri et JF réussissent à faire ouvrir un bar après 14h! La table est mise. La patronne est secrétaire à la mairie, ambiance super, jambon, fromages, vin, choux à la crème.

L'orage menace, on se dépêche. On se demande comment on aurait pu grimper si le soleil avait été de la partie. Le col de Marmare se prend à la descente. Nous entamons la plongée sur Tarascon par la route des Corniches interdite à la circulation pour réfection: une aubaine. Photo d'une superbe église romane à Axat, pendant qu'Henri et Michel se tirent la bourre jusqu'à Tarascon. Les autres relaient à pleine gomme sur les 3 km de la N20. Nos J+J arriveront vers 19h, on a eu un peu de souci, mais tout s'est bien passé. Hôtel de la Poste, un peu anonyme par rapport à Molitg, mais les cassoulets nous requinquent. Orage et nuit assez agitée pour les pensionnaires logés côté route!

Netti

 

 

 

TARASCON-SUR-ARIEGE - ST-LARY

VENDREDI 4 AOUT:
115km - déniv.:2672m - 6h22' - 18,1km/h

Bien avant les 5 coups magiques frappés par notre ordonnance de réveil, nous sommes tirés de notre sommeil par une diane assourdissante, mélodie mécanique et non chromatique diffusée par les nombreux poids lourds empruntant cette importante liaison routière entre la France et l'Espagne.

Au gré de leur démarche, Jean-François et Roland doivent être atteints d'un mal sournois. Il doit certainement s'agir du "loup", car cet animal vit toujours en liberté dans les Pyrénées!

Tarascon-sur-Ariège est une petite ville pittoresque sise au confluent de l'Ariège et du Vicdessos. Sa tour majestueuse domine ses anciennes bâtisses et ses petites usines de production d'aluminium.

Pour quitter cette citadelle, il faut de la dextérité pour s'intégrer dans le flot du trafic. Après avoir parcouru une quinzaine de kilomètres, la joyeuse cohorte s'arrête à Vicdessos, charmant petit village situé au pied du premier col de la journée. La claire fontaine alimente nos gourdes et nous sommes parés pour effectuer les 11 km d'ascension nous conduisant au Port de Lers, culminant à 1517 m d'altitude. Tout au long de l'escalade qui présente des pentes de l'ordre de 10%, nous apprécions l'ombre de la forêt qui soulage notre organisme.

À 9h30, c'est un groupe compact qui, selon le rituel, salue le passage du col. Nous sommes accueillis par un troupeau de bovidés dont l'enthousiasme débordant envahit la chaussée malgré nos signes "phonétiques animaliers". La route enfin libérée, nous entreprenons une superbe descente pour atteindre l'Étang de Lers, situé à une altitude de 1275 m. Les quelques pêcheurs, l'œil rivé sur leur bouchon, ne daignent même pas jeter un regard sur les "géants de la route"!

Nous nous débarrassons des coupe-vents pour attaquer le col Agnès dont la rampe sinueuse est exposée en plein soleil. Parvenus au sommet, nous sommes gratifiés d'une superbe vision panoramique en découvrant les Hautes-Pyrénées décorées des neiges éternelles.

Une descente de 10 km, parfois vertigineuse parmi les eaux tumultueuses des torrents, nous oblige à bien tenir le guidon. Nos membres sont crispés et fatigués par les trépidations et nous sommes heureux d'entrer dans la petite station thermale d'Aulus-les-Bains.

Durant le ravitaillement en eau fraîche de la source, nous repérons le tracé sinueux de notre prochaine ascension qui doit nous conduire au col de Latrape à une altitude de 1111 m.

Après avoir quitté Aulus-les-Bains, notre champion Henri lance une attaque aussitôt contrée par Pierre-Alain qui reste dans sa roue pour le surprendre, en fin tacticien, au moment propice. À 11h30, le groupe franchit le col de Latrape. En devisant sur des thèmes d'actualité, nous constatons, avec un certain sentiment de culpabilité, que nous avons oublié de lubrifier les engrenages de nos "Jacqueline" faisant pourtant l'objet de nos délicates attentions dans les ascensions.

Durant une demi-heure, nous nous laissons emporter sur le versant ouest du col de Latrape, balayé par un vent chaud favorisant l'évaporation de nos maillots. Après avoir rallié Seix, nous partageons un bon repas aux pâtes accompagné d'un verre de rouge susceptible d'engendrer de nouvelles ressources physiques.

Avant de quitter Seix, Henri, en véritable alchimiste, prépare une solution d'eau et de vin rouge pour emplir sa gourde, prétendant que ce "doping" peut réaliser des miracles. Il est vrai que nous ne sommes pas loin de Lourdes! Il est 13h50 lorsque le feu vert est donné pour attaquer le col de la Core sur une distance de 13 km avec une dénivellation de 885 m. Le temps est lourd et St-Pierre joue aux quilles sur les montagnes. Dès les premières rampes, Henri place une banderille. Roland reste dans sa roue avec la ferme intention de se battre pour ce col. Le "Tout Puissant", connaissant ses problèmes de transpiration, ouvre les vannes célestes pour déverser une pluie bienfaisante permettant à Roland de tirer son braquet jusqu'au sommet et de franchir le col en tête à 14h56!

Le pauvre Netti est contraint à parcourir le dernier tronçon à pied, victime d'une nouvelle crevaison. Finalement, nous avons dû puiser toutes les ressources de notre corps pour vaincre le col de la Core. Soudain, changement de décor, le ciel est bleu et, sous un soleil éclatant, la descente se déroule sur un revêtement sec. Cependant, le gravillon et quelques passages humides dans la forêt nous incitent à la prudence.

À 16h00, nous parvenons au carrefour D4-D17 pour emprunter une route légèrement vallonnée pour rallier St-Lary et son hôtel. Isard, mais "bizarre" genre de palace des mille et une nuits dont les installations évoquent plutôt l'horreur que le bonheur. Mais je m'empresse de relever que le repas servi était à la hauteur de nos espérances. Et puis nous avons tous passé une bonne nuit de repos sur la frontière qui sépare les départements de l'Ariège et de la Haute Garonne.

Roland

 

 

ST-LARY - STE MARIE DE CAMPAN

SAMEDI 5 AOUT:
130km - déniv.:3515m - 7h55' - 16,4km/h

Réveil matinal par notre "claironneur de service", petit-déjeuner copieux préparé avec la gentillesse d'une mère par la tenancière de l'hôtel Isard. Sept heures au clocher du village, nos enfourchons nos machines à pédales, le temps est beau mais frais. Les pentes du col du Portet d'Aspet nous réchauffent. Nous atteignons le sommet groupés, le brouillard est dense, nous nous habillons chaudement et entamons la descente abrupte avec prudence. Quelques kilomètres, un bruit bizarre. Crevaison pour qui? Netti qui en fait collection, la 3ème depuis Cerbère... ce sera peut-être la dernière...?

Un peu plus bas, nous nous arrêtons sur les lieux où le coureur italien Casartelli trouva la mort au cours du TDF le lundi 17 juillet. Au bas du col, nous retrouvons notre micro-car et remorque stationnés sans occupants car nos deux Jacqueline, très courageusement, avaient enfourché leur bicyclette pour nous devancer sur les pentes du col de Menté. Nous les encourageons lorsque nous les rejoignons et nous les laisserons savourer à leur rythme ce magnifique endroit.

Pour nous, le sommet atteint sous un beau soleil, nous prenons un café auprès d'un aubergiste peu sympa ... Nous nous laissons glisser jusqu'à St-Béat, ville natale du Maréchal Galliéni. Nous retrouvons la plaine et aussi la circulation automobile. Nous pédalons vers le Pont du Roi, Bossost-sur-Garonne, poste frontière et nous voilà en Espagne pour quelques dizaines de kilomètres. Nous nous arrêtons au bistro du coin pour nous désaltérer avant de gravir le col du Portillon. Il fait très chaud. Heureusement, nous trouvons la fraîcheur au sommet ainsi que dans la descente sur Bagnères-de-Luchon "Reine des Pyrénées", station thermale de bon standing. Il est midi. Après une traversée de ville laborieuse (circulation intense), nous recherchons un restaurant pendant que Netti et PA vont chez le mécano cycles du coin où ils trouveront la solution au problème des crevaisons fréquentes. Voilà Netti rassuré!

Après un déjeuner peu approprié pour cyclos, dure dure sera la montée du col de Peyresourde, d'autant qu'il fait très chaud. Le sommet atteint, nous sommes tous heureux d'avoir gravi un si beau col. Nous descendons dans la plaine. Peu avant Arreau, nous nous offrons un rafraîchissement (bien mérité)! Nous nous retrouvons bien vite au pied du col d'Aspin qui se gravit "lentement mais sûrement" en fin d'étape bien remplie. Regroupement au sommet, photos prises par un couple cyclo campeur bien sympa. Nous descendons sur Espiadet et ses carrières de marbre, Payolle, La Séoube où nous essuyons un orage et c'est un peu humides que nous atteignons Ste-Marie-de-Campan. À l'hôtel des "2 Cols Une douche", nous n'avons pas trouvé le grand confort, mais le réconfort d'être ensemble dans une super ambiance très amicale.

Henri

 

 

 

STE-MARIE-DE-CAMPAN - LARUNS

DIMANCHE 6 AOUT:
107km - déniv.:2920m - 6h42' - 16km/h

Quelques réflexions...

Une journée de brouillard, de bruine et de pluie. Que de magnifiques paysages ratés, peut-être à tout jamais!

En revanche, le confort du cycliste est à peine entamé grâce au goretex et à d'autres isolants modernes. C'est peut-être là que réside une des grandes différences entre les étapes infernales d'autrefois et les randonnées pluvieuses d'aujourd'hui...

Le Tourmalet, un dimanche matin dans la bruine et la brume, ça vaut bien une messe!

Dans les Pyrénées, il n'y a pas un endroit où l'on n'entende pas le bruit d'un torrent. C'est à se demander si la France va vraiment manquer d'eau avant de manquer de vin!

La Mongie: le plus grand domaine skiable des Pyrénées. Mais aussi un monstre hideux, la honte des architectes inscrite à tout jamais dans la montagne...

Le sommet du Tourmalet dans le brouillard, ce n'est pas drôle, mais Luz-St-Sauveur dans le flot de bagnoles qui s'entrecroisent, ça ressemble à l'horreur!

Sans vouloir tomber dans les pensées négatives, je suis tenté de penser que le choix des blocs de béton à angles aigus le long des précipices et celui des glissières de sécurité doit dépendre du rapport de force dans les conseils municipaux...

Pierre-Alain nous a fait faux-bond à Soulom. Connaissant ses idées, il voulait sans doute éviter de se trouver nez à nez avec Giscard à d'Estaing....

Mille fois le nom d'Indurain inscrit sur les routes. Trois fois celui de Rominger. Deux fois celui de Zülle. Si les encouragements ont un effet sur le moral, je comprends pourquoi les Suisses auront de la peine à gagner le Tour de France ... Et encore Rominguèr espagnolisé!

Certains plus politisés nous rappellent à l'aide du pinceau qu'il existe une BOSNIE qui doit aussi comprendre de beaux cols pour cyclotouristes...

Au bas du col, on discute, au milieu, on essaie de méditer, en haut, on a atteint un état strictement végétatif... Je comprends pourquoi peu d'intellectuels s'adonnent à ce sport...

Au sommet de Bordères, nous avons enfin vu surgir deux ours du brouillard. En réalité, déception, c'étaient deux jeunes randonneurs à pied, lourdement harnachés!

Encore une précision: au sommet du Tourmalet, j'ai rajouté tellement de couches que je n'en trouvais plus mon zizi...

L'avantage d'une semaine d'alpinisme sur une semaine de cyclotourisme, c'est l'absence du bruit et des gaz de bagnoles. Mais les deux valent néanmoins d'être tentées...

PS: Les plus forts ronfleurs sont aussi les meilleurs dans les cols. Cette activité nocturne aide sans doute à récupérer ...

Félicien

 

 

 

LARUNS - ST-JEAN-PIED-DE-PORT

LUNDI 7 AOUT:
121km - déniv.:2220m - 6h19' - 19,2km/h

Lever à 6h30. Réveil agréable. Pierre-Alain surpris. Pas de diane pour notre coq (un camion-poubelle le remplace avantageusement)! P'tit déj lent, silence religieux. Proximité de Lourdes oblige.

Soudain, petit orage: le 15 août fête de la Vierge, est-il férié dans toute la Suisse? Affirmations fortes, spécialement de la part de nos deux Jacqueline. Réponse: le 15 août, les Vaudois et autres travaillent (pour information à Jacqueline M).

7h40 départ. Temps légèrement nuageux et frais. La pédale douce est de rigueur, sauf pour PA et JF qui se lancent dans une poursuite digne de leur statut de vedettes incontestées. Après 8 km de plat, Bielle sonne le glas de la belle aventure PA - JF.

Col de Marie-Blanque, escalade annoncée facile, fait souffrir plusieurs mollets: 8 km entre 7 à 8% de moyenne! Sur le replat qui suit, des taches plus ou moins consistantes devraient nous prévenir, mais dans l'inconscience et la fraîcheur matinale, chacun y va de ses pLaisanteries lorsque, au détour d'un coup de cul (13%), Jean-François rencontre un champ de "Marguerites". L'une d'elle, une superbe bête de 800 kg, superbement encornée, lui coupe la route. Illumination de JF, l'instant idéal, le coup de génie, le but à atteindre à portée de guidon, l'occasion est trop belle!

Résultat des courses: notre cher Félicien renversé vers la droite et Jean-François vers la gauche, plus quelques minimes contusions. À 9h02, le sourire, le sommet et la photo rassemble toute l'équipe.

Après la descente très raide, sauvage et froide, le petit café au soleil, sur une terrasse du joli bourg d'Arette nous remet de nos émotions. La douce montée vers Larrau, en bordure de la rivière me rappelle étrangement Montbovon. Après les gorges, changement brusque: 12 à 15% sur 2,4 km! Relativement facile, à condition d'adapter son rythme (les téméraires retiendront la leçon!!!).

Casse-croûte au sommet, copieux, mais pour le dessert ...

Dessert bien bon et beau, mais sur le vélo, montée de 8 km, 813 m de dénivellation, 4 km médians pas piqué des hannetons. 10 - 12 - 15% sans replat: le dessert de la randonnée! Au sommet de ce Bagargui, coca ou bière engloutis en quelques secondes témoignent de l'effort!

Lors du passage au col de Burdincurutchéta, un spectacle grandiose s'offre à nos yeux: un vol d'aigles majestueux, des montagnes très arrondies, d'impressionnants troupeaux de moutons.

Arrivée à St-Jean-Pied-de-Port vers 17h30. Logement à l'hôtel Camou. Piscine après un poulet basque bien arrosé. Nos chambres très confortables nous attendent pour un repos bien mérité!

Michel

 

 

 

ST-JEAN-PIED-DE-PORT - HENDAYE

MARDI 8 AOUT:
130km - déniv.:1248m - 5h40' - 22,9km/h

Il paraît qu'un chauffeur de taxi en a perturbé plus d'un la nuit passée. Même Roland n'a rien pu faire pour diminuer les décibels!

C'est déjà le dernier jour et les kilomètres défilent à toute vitesse sur la D918 en légère descente. Jean-François allume les feux, mais PA ne s'en laisse pas compter. Résultat: les 30 premiers km à plus de 30 de moyenne! De petites routes nous conduisent à Espelette où un petit café nous attend. Je lance à JF un sourire complice. On se comprend. À la sortie du village, je quitte la D249 qui doit nous conduire au col Pinodeita et emmène les copains quelque peu interloqués sur une petite route qui tout à coup se redresse à 21%!!! Si, la veille, Henri pensait qu'il fallait avoir tué père et mère pour gravir le col Bagargui, Dieu sait ce qu'il devait se dire ici! J'ai dû donner quelques explications pour me faire pardonner cette ... fantaisie!

Direction frontière espagnole vers Dancharia pour notre 28ème et dernier col, celui de St-Ignace. Montée facile et régulière. Il faut dire qu'il ne culmine qu'à 169 m au-dessus du niveau de la mer. Petit arrêt en dessous du sommet pour admirer un joli train qui descendait de la Rhune. À Ascain, un quidam nous renseigne sur la route à suivre: c'était un Genevois! Roland profite d'une dernière bosse pour attaquer JF. Mal lui en prend, crevaison à l'arrière. Après la réparation qui s'impose, il met tellement d'énergie à gonfler son pneu que la pompe généreusement prêtée par Pierre-Alain rend l'âme! C'est tellement rigolo qu'on demande à Roland de répéter l'opération afin d'immortaliser ce geste sur pellicule!

La N10 qui nous conduit à Hendaye n'est heureusement pas trop longue car nous sommes coincés par les flots de voitures. L'Atlantique se devine. Nous descendons vers le port et longeons l'estuaire de la Bidassoa. Les derniers mètres. Le port des pêcheurs. La fin de notre périple. Un moment de grande émotion. Un sourire. Une tape amicale. Une accolade. Une vigoureuse poignée de mains. UN REGARD SUR L'OCEAN...

Netti

 

 

 

 

POSTLUDE

IL ETAIT UNE FOIS ... les Pyrénées.
Ils ont le teint hâlé, les muscles bien rôdés;
Leur langue aussi est bien entraînée:
Jean-François, Michel, Roland, Pierre-Alain, Félicien, Henri, Netti.

Deux jours de voiture, pour des cyclos, ce n'est pas le pied;
Alors, pour passer le temps et pour ne pas en oublier un seul,
Ils ont bien répété, dans le bon ordre, les noms des 28 portets,
Ces jeudi 10 et mercredi 9 août, au retour des Pyrénées.

 

Ils se rient des riens, des vaches qui ont entravé leur chemin;
Sur la pellicule, ils ont immortalisé les moments vécus;
Ils oublieront vite les égratignures, les derrières endoloris:
Pour une petite reine, quand on aime, on ne compte pas.

 

À Annecy, en même temps que d'un bon repas;
Nous avons fait bombance d'amitié avec Marie, Béatrice;
Avec Robert, qui nous assure que ça ne lui reprendra pas
De se laisser culbuter de la sorte à la veille d'un si grand rendez-vous.

 

Nous n'oublierons pas de si vite que le mercredi, au p'tit-déj,
Céréales-café-au-lait-thé-tartines avaient été escamotés
Pour être joyeusement remplacés par le Bordeaux et le Bayonne!
Ben voyons; nous sommes capables d'affiner nos traditions!

 

Et le chanteur sans nom?
Et la soirée-paëlla bien animée chez Paulette et Etienne?
Retrouvailles pour Henri, connaissances nouvelles pour nous;
Un accueil chaleureux dont nous nous souviendrons.

 

De la Méditerranée à l'Atlantique,
On passe par où?

 

LES PYRENEES ... POURQUOI PAS?

Jacqueline Mivelaz

 

 

IL Y A EU ...

… cette drôle d'idée d'accompagner les cyclos dans leur raid pyrénéen
… le départ de Cerbère en "fanfare" dans un climat méditerranéen très chaud et sympathique
… des accueils à l'hôtel très chaleureux comme à Molitg-les-Bains

 

IL Y A EU ...
… des soirées "coins du feu" agrémentées par les histoires de notre conteur du Tour de France 1926
… le Jau, pas réussi pour certaine et pas terminé à cause de certaine
… le Palomère, la Bastide, le Xatard, le Fourtou et retour par des petites gorges jusqu'à Vinça

 

IL Y A EU ...
… la journée marché de Foix où nous nous sommes régalées de sanglier
… le col de Menté à partir de Henne-Morte, descente sur St-Béat et le col des Ares
… le Marie-Blanque au départ de Bielle puis retour en toute tranquillité dans la quiétude d'une route boisée et très peu fréquentée

 

IL Y A EU ...
… la remorque qui avait régulièrement besoin d'un tour de vis
… un vélo rattrapé au vol avant sa chute
… des petites chapelles, des petits villages, des beaux paysages, Roncevaux
… l'avant-dernière étape à Uhart-Cize

 

il y a eu enfin l'arrivée à Tarnos, près de Bayonne
il y a eu du noir, du blanc, du soleil et de la pluie
il y a eu des photos probablement pas très réussies

 

il y a eu l'Océan que je n'ai pas vu et le Tourmalet qui reste dans mes rêves cyclos pas réalisés
il y a eu surtout beaucoup d'humour et de bonne humeur

 

 

 

il y AURA peut-être une prochaine fois, qui sait?

 

Jacqueline Pauchard